HISTORIQUE DU SHITO-RYU KARATE-DO

Il est reconnu que les origines du karate-do se trouvent au 6ème siècle en Chine. C’est à cette époque dans la province de Sung Hennan, que Bodhidharma (appelé Daruma pour les Japonais).

Le fondateur du bouddhisme zen, écrit des commandements (sutra) pour promouvoir un entraînement physique pour les moines Shaolin (Shorin pour les Japonais) et missionnaires pour se défendre contre les bandits et criminels de la montagne. Sa doctrine est le point de départ du bouddhisme zen en Chine.

Aux disciples venus recevoir son enseignement, on rapporte qu’il donna une méthode appelée Ekkin (sutra= renforcer le corps) kyo ( = livre écrit) en disant :

 

 

«On prêche la doctrine pour l’esprit, mais l’esprit et le corps sont originellement un seul et on ne peut les séparer. En vous voyant maintenant, il apparaît que votre esprit, tout comme votre corps, est faible et fatigué, et vous ne pouvez pas atteindre au but de la recherche. C’est pourquoi je vous donne une méthode selon laquelle je vous conseille d’augmenter la capacité de votre corps. Ensuite, cherchez à atteindre l’essence de la doctrine.»
Bodhidharma

Et l’on suppose qu’il a évolué en « Shaolin Kempo ». Malheureusement peu d’informations ont été retrouvées sur cette époque du karaté.

Le berceau du Karate-do se trouve à Okinawa, une des îles Ryukyu situées entre la Chine et le Japon.

Vers la fin du 14ème siècle, lors du règne du roi Hassi de Chuzan d’Okinawa, une loi interdisait au peuple de l’île l’emploi des armes. Quand, au 16ème siècle, le clan japonais des Satsuma envahit et colonisa Okinawa pour en faire un poste de commerce avec la Chine, ils prélevèrent des taxes sur les biens des habitants. Les Okinawaïens créèrent alors un système d’autodéfense appelé « Te » ou « Okinawa-Te » (Te = main) dans lequel ils employaient leurs membres comme des armes. Ces techniques étaient combinées avec l’influence des techniques chinoises que l’on appelait « Kara » ce qui référait à la dynastie chinoise Tang. Le karaté ou « La main chinoise » était né.

 

 

Jusqu’en 1930, on ne pratiquait que des formes (katas) et leurs applications (bunkais) lors des entraînements de Karate-do. Sous l’influence d’autres arts martiaux tels que le Jujitsu, le Judo et le Kendo, le combat (kumite) fut instauré. C’est aussi sous l’influence du Dr. Jigoro Kano, le fondateur du Judo, que le système de grades fut adopté.

Les Maîtres okinawaïens croyaient que les techniques de Karate-do étaient tellement mortelles qu’il serait impossible de faire des affrontements entre eux suivant des règles. C’est sous l’impulsion des karatekas japonais que les championnats de kumite ont vu le jour. La première compétition a eu lieu en dans les années 50 au Japon.

 

 

Au 19ième siècle, le système féodal touche à sa fin au Japon et donc aussi à Okinawa.

A cette époque le karate-do ne connaissait ni styles, ni noms, ni grades. Pour enseigner les noms des katas, des maîtres et des lieux géographiques étaient souvent mélangés. Okinawa connut trois centres importants de karate-do : Shuri, Naha et Tomari.

Pour en savoir plus sur ces 3 centres, je vous invite à vous rendre sur le site du Larouche karaté dojo au Canada qui offre des explications complémentaires très intéressantes.

Comme Okinawa était considérée comme une île vaincue, beaucoup de Maîtres se rendaient au Japon. Sous l’influence japonaise, la signification de « main chinoise » du karate se changeât en « main vide ». Le suffixe « -do » signifie « le chemin de ». Ainsi le Karate-do signifie donc « Le chemin de la main vide ».

A partir de 1920, plusieurs Maîtres s’approprièrent des noms de styles. Chojun Miyagi fut le premier et créa le Goju-Ryu. Kenwa Mabuni appela son style le Shito-Ryu. Voici quelques styles courants…

 

 

Style Fondateur
Shito-Ryu Kenwa Mabuni
Goju-Ryu Chojun Miyagi
Shotokan Gichin Funakoshi
Uechi-Ryu Kanbum Uechi
Shorin-Ryu Matsumura Sōkon
Wado-Ryu Otsuka Hidenori
Kyokushinkai Masutatsu Oyama
Isshin-Ryu Shimabuku Tatso

KENWA MABUNI

Né en 1869 à Shuri, dans la presqu’ile d’Okinawa, Kenwa Mabuni descend d’une famille de samouraï. Son enfance fut de ce fait, bercée par les récits des fameux guerriers et, en particulier, de Keiyu Oshiro, un de ses ancêtres, que lui racontait son entourage.

La soif d’apprendre

Malgré une santé fragile, il commença à apprendre le karaté à l’âge de treize ans. C’est son père qui le confia à Ankoh Itosu. Certains élèves de ce fameux maître de Shurite seront plus tard, à leur tour, célèbres.

Passionné par le karaté, il s’entraîna avec ferveur. Quelques années plus tard, à l’âge de 20 ans, un de ses amis Chojun Miyagi (créateur du Goju ryu), le présenta à Kanryo Higaonna qui le forma au Nahate, une autre école de combat d’Okinawa, fortement inspirée des arts martiaux chinois. Après ses études scolaire, Kenwa Mabuni entra à la police où il servira comme inspecteur. Ce métier, qui l’obligeait à beaucoup voyager, lui donna de ce fait, l’occasion de recontrer d’autres maîtres auprès desquels il étudia au gré de ses déplacements. Ainsi, il apprit le kobudo avec les maîtres Tawada et Soeshi. Un peu plus tard, il réunit un petit groupe de personnes dans le jardin de sa maison et commença à leur enseigner le karaté. Dans le même temps, la police, puis groupement de pêcheurs de l’île, firent appel à lui pour ouvrir des dojo.

Le temps des défis

Sa réputation grandit, ce qui suscita chez ses contemporains des désirs de tester. Kenwa Mabuni fut souvent défié. Son fils, Kanei Mabuni raconte que, dans sa jeunesse, son père dut accepter de nombreux défis dès que les gens apprirent qu’il pratiquait le karaté. On appelait ses défis « kake dameshi ». Cela se passait ainsi : chaque partie était assistée d’un témoin. La rencontre avait lieu en plein air, un peu retiré et peu fréquenté de la ville. Elle se déroulaient à la lumière d’une lanterne, car le villes n’étaient pas encore, en ce temps-là éclairées à la lumière électrique. Les témoins se tenaient à l’écart et au bout d’un certain temps, ils séparaient les antagonistes pour déclarer le vainqueur et celui, selon les termes de Kanei Mabuni, qui devait travailler plus fort pour se perfectionner.

En 1927, Jigoro Kano, le fondateur du judo vint à Okinawa pour assister à une réunion de judoka. A cette même réunion, il assista à une démonstration de karaté par les maîtres Chojun Miyagi et Kenwa Mabuni.

L’aventure au Japon

Après cette démonstration, ils furent tous les deux invités au Japon. Le maître Kenwa Mabuni s’installa à Osaka et nomma son école Shito ryu. Pourquoi Shito ? Par référence à l’égard de ses 2 maîtres : Itosu et Higaonna. En effet, le nom « Itosu » peut-être lu « Shi-shu », de même pour Higaonna qui peut se lire « To-on Na ». Ainsi en ne prenant que le premier caractère des deux noms, on obtient Shito.